Comment les ressources Édu-Up, souvent dopées à l’IA, rendent l’apprentissage plus personnalisé et inclusif dans les classes françaises, du primaire au lycée.

L’IA d’Édu-Up, accélérateur d’apprentissage personnalisé
Dans toute la France, des milliers d’enseignants expérimentent déjà des ressources numériques issues du dispositif Édu-Up. Derrière ces projets souvent méconnus, une même ambition : utiliser le numérique – et de plus en plus l’intelligence artificielle – pour proposer un apprentissage vraiment personnalisé, sans renoncer à l’égalité et à l’école inclusive.
En cette fin d’année 2025, alors que l’IA générative s’invite dans les salles des profs, une question revient partout : comment tirer parti de ces outils pour mieux accompagner chaque élève, sans perdre le contrôle pédagogique ? Le panorama Édu-Up apporte des réponses très concrètes, du CP à la Terminale, en général comme en professionnel.
Dans le cadre de notre série « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé », cet article propose une lecture transversale des ressources Édu-Up les plus emblématiques. Objectif : vous aider à repérer ce qui peut changer votre quotidien de classe, aujourd’hui, sans attendre une hypothétique école du futur.
1. L’IA au service des langues : de la GenAI au tandem virtuel
L’apprentissage des langues est l’un des premiers terrains où l’IA rend possible un parcours adaptatif, centré sur les besoins de chaque élève.
NihaoChinois : la GenAI pour créer des activités sur mesure
Avec NihaoChinois, l’IA générative devient un assistant créatif pour l’enseignant de chinois :
- génération instantanée d’activités adaptées au niveau de la classe ;
- personnalisation selon les centres d’intérêt (culture, sport, actualité asiatique…) ;
- ajustement du rythme et de la difficulté pour chaque élève.
En pratique, cela permet par exemple :
- de proposer à un élève en difficulté des dialogues plus courts, avec davantage de répétitions ;
- d’offrir à un élève avancé des tâches d’écriture créative ou des débats argumentés ;
- de différencier les supports sans passer des heures en préparation.
L’intérêt majeur : la liberté pédagogique reste centrale. L’IA ne remplace ni la progression, ni l’évaluation de l’enseignant ; elle automatise la partie la plus chronophage de la fabrication de supports.
Beegup : personnaliser la pratique orale
Avec Beegup, la personnalisation passe par l’organisation de classes de correspondants et d’échanges oraux sécurisés :
- messagerie audio/texte et appels audio/vidéo contrôlés ;
- ressources authentiques (revue de presse internationale, sujets de conversation) ajustées au niveau ;
- suivi de la participation de chaque élève.
Comment l’utiliser dans une démarche d’apprentissage personnalisé ?
- Constituer des binômes hétérogènes (élève à l’aise + élève réservé) pour renforcer la confiance.
- Varier les tâches : message libre pour certains, enregistrement guidé avec trame écrite pour d’autres.
- Fixer des objectifs différenciés (durée de prise de parole, complexité grammaticale, prononciation…).
Résultat : des élèves qui osent davantage parler, dans un climat sécurisé, avec des situations d’oral répétées sur l’année.
2. Mathématiques et sciences : diagnostics fins et entraînement adaptatif
L’IA et les ressources numériques Édu-Up transforment aussi profondement l’enseignement des mathématiques et des sciences, en faisant de l’évaluation un levier d’ajustement des apprentissages.
Mathpower II, Eleda, Mathena : des parcours mathématiques différenciés
Plusieurs solutions complémentaires s’inscrivent dans cette logique :
- Mathpower II : propose une évaluation diagnostique en mathématiques (cycles 2, 3, 4), puis des exercices de remédiation ciblés. L’enseignant visualise rapidement les compétences fragiles et peut organiser des ateliers de besoin.
- Eleda : plateforme couvrant du CP à la Terminale, avec exercices aléatoires et rétroactions personnalisées. Les activités sont paramétrables en « no-code », ce qui permet de créer rapidement des parcours sur mesure.
- Mathena : web app centrée sur le calcul et la résolution de problèmes, avec un système de « ceintures » qui matérialise la progression et soutient la motivation.
En combinant ces outils, un enseignant de CM2 peut par exemple :
- diagnostiquer les acquis en calcul mental avec Mathpower II ;
- proposer un entraînement différencié sur Eleda pour consolider certaines compétences ;
- valoriser les progrès en faisant passer une nouvelle « ceinture » sur Mathena.
Ce trio permet de :
- passer d’une évaluation « sanction » à une évaluation formative en continu ;
- suivre les progrès de chaque élève à travers des tableaux de bord ;
- constituer des groupes de besoin évolutifs, plutôt que figés toute l’année.
FizziQ Junior et XpLive : expérimenter en sciences, pour tous
Côté sciences expérimentales, FizziQ Junior et XpLive montrent comment le numérique peut :
- transformer un smartphone ou une tablette en laboratoire portable (capteurs de son, lumière, mouvement…) ;
- orchestrer des protocoles scientifiques partagés, avec collecte de données en temps réel.
Pour l’enseignant, c’est la possibilité de :
- donner à chaque élève un rôle dans l’investigation (mesurer, noter, interpréter…) ;
- adapter la complexité de la tâche : simple observation pour certains, traitement statistique pour d’autres ;
- valoriser des compétences variées (rigueur, coopération, esprit critique).
L’apprentissage personnalisé ne se limite donc pas au niveau de difficulté : il touche aussi la place de chacun dans le projet scientifique.
3. Une école vraiment inclusive : quand l’IA compense les obstacles
Le dispositif Édu-Up est particulièrement riche en ressources pour l’école inclusive. Beaucoup intègrent déjà de l’IA (reconnaissance vocale, OCR, classification, recommandation) au service de l’accessibilité.
AccessDoc, Cantoo, DV-Fabrique : rendre les supports accessibles
Trois exemples emblématiques :
- AccessDoc : plateforme qui analyse un document (texte, PDF, photo) pour en détecter les éléments non accessibles et proposer des corrections : OCR, description automatique d’images, transcription de formules en LaTeX… L’enseignant gagne un temps précieux pour adapter ses supports à des élèves non-voyants, malvoyants ou présentant des troubles cognitifs.
- Cantoo Scribe et Cantoo Exams : véritables « boîtes à outils » pour compenser les troubles des apprentissages (DYS) en classe comme en situation d’évaluation, avec synthèse vocale, reconnaissance vocale, adaptation visuelle du texte. Les aménagements sont configurables pour coller strictement aux autorisations des examens.
- DV-FABRIQUE 2 : plateforme de création de cartes, schémas et supports multimédias intégrant nativement des fonctions d’accessibilité (grossissement, contrastes, aides visuelles et tactiles).
Ici, l’IA est essentiellement au service de :
- la détection automatique d’obstacles (petits caractères, images non décrites, structures complexes) ;
- la proposition de solutions adaptées (mise en page alternative, audio, tactile) ;
- l’autonomie accrue des élèves, qui accèdent eux-mêmes à des versions adaptées.
Outils ciblés : DYS, autisme, handicap visuel
D’autres projets Édu-Up ciblent des besoins très spécifiques, tout en étant utilisables par l’ensemble de la classe :
- Orthonémo, Dédys, Cartable Fantastique, RIDISI, Corneille : outils pour la lecture, l’orthographe ou le calcul, conçus pour les élèves DYS mais bénéfiques à tous (indiçage visuel, simplification des consignes, pictogrammes…) ;
- Ben le koala et son évolution, Zamizen : développement des compétences psychosociales, gestion des émotions, autonomie dans les gestes du quotidien, particulièrement utiles en UEMA, ULIS et maternelle ;
- Lilémo / LiEnBraille, Inclood, Lescalire : ressources accessibles pour les élèves non ou malvoyants, sourds, non verbaux, avec multimodalité (son, braille, LSF, FALC…).
En intégrant ces outils dans vos séquences, vous pouvez :
- proposer plusieurs portes d’entrée au même apprentissage (texte, audio, manipulations, pictos…) ;
- éviter les « adaptations de dernière minute » pour un seul élève ;
- valoriser la diversité des profils d’apprentissage devant toute la classe.
L’inclusion devient ainsi un levier de différenciation pédagogique, et non une contrainte annexe.
4. IA, feedback et orientation : vers des parcours vraiment personnalisés
Au-delà des disciplines, plusieurs projets Édu-Up réinventent le suivi des progrès et l’orientation scolaire et professionnelle, deux terrains majeurs de l’apprentissage personnalisé.
Logbook : transformer la correction en accompagnement personnalisé
Avec Logbook, l’enseignant enregistre ses retours à l’oral sur les travaux des élèves. L’IA analyse ensuite ces commentaires pour :
- identifier les compétences mobilisées ;
- suivre les progrès de chaque élève dans le temps ;
- faire ressortir les erreurs récurrentes de la classe.
Applications concrètes :
- garder une trace exploitable de tout le travail de correction (souvent perdu dans la marge d’une copie) ;
- construire des plans de travail personnalisés à partir des feedbacks réellement donnés ;
- impliquer l’élève dans la lecture de son propre profil de progression.
On passe d’une correction subie à un dialogue formatif continu, un pilier de l’apprentissage adaptatif.
Jexplore, ExoPro, SIM’Agora : personnaliser orientation et citoyenneté
L’IA ne se limite pas aux contenus scolaires, elle intervient aussi dans les choix d’orientation et l’éducation à la citoyenneté :
- Jexplore : immersions en réalité virtuelle dans plus de 100 métiers. On peut construire des parcours d’exploration différents selon les intérêts, les contraintes ou les besoins d’un élève (découverte de métiers en tension, métiers peu connus, etc.).
- ExoPro : application inclusive pensée pour les élèves de 12 à 18 ans en voie professionnelle ou en réflexion sur leur orientation, avec une attention particulière aux TND et difficultés scolaires. Les activités permettent de mieux cerner les compétences métiers et les connaissances pré-professionnelles de chacun.
- SIM’Agora : jeu de simulation parlementaire qui permet à chaque élève d’occuper un rôle spécifique (député, lobbyiste, journaliste) et de développer des compétences transversales différentes (prise de parole, argumentation, négociation…).
Dans ces dispositifs, la personnalisation ne dépend pas uniquement de l’IA, mais :
- du choix des scénarios adaptés au profil de l’élève ;
- des données recueillies (préférences, comportements, réussites) qui orientent l’accompagnement ;
- de la réflexion collective menée ensuite en classe (mise à distance, analyse des postures, projection dans l’avenir).
5. Comment vous lancer concrètement avec Édu-Up et l’IA ?
Face à la richesse du catalogue, il peut être difficile de savoir par où commencer. Voici une démarche simple, en quatre étapes, pour intégrer ces ressources dans votre pratique, sans vous disperser.
1. Partir d’un besoin précis, pas d’un outil
Posez-vous une question très concrète :
- « Comment mieux accompagner mes élèves DYS en géométrie ? » → regardez Cabri Express Primaire Lab, Cartable Fantastique.
- « Comment suivre plus finement les progrès en mathématiques ? » → explorez Mathpower II, Eleda, Mathena.
- « Comment développer l’oral en langue en continu ? » → testez Beegup, NihaoChinois.
2. Commencer petit… mais vraiment
Choisissez une seule ressource et :
- testez-la sur un chapitre, un projet, un niveau ;
- prévoyez un temps de prise en main pour vous et pour les élèves ;
- notez ce qui fonctionne, ce qui freine, ce qui serait Ă ajuster.
3. Exploiter les données pour ajuster
Dès que l’outil le permet (tableaux de bord, suivi de compétences, statistiques d’usage) :
- identifiez les élèves sous le radar (peu de connexions, progrès lents) ;
- repérez les erreurs récurrentes pour adapter vos séances ;
- construisez des groupes de besoin à partir de données objectivées.
4. Mutualiser au sein de l’établissement
L’apprentissage personnalisé devient réellement puissant lorsqu’il est :
- partagé en conseil de cycle ou de classe ;
- intégré au projet d’établissement ou au projet d’école inclusive ;
- articulé aux autres démarches (devoirs faits, pédagogie de projet, tutorat entre pairs…).
En mutualisant les pratiques autour des projets Édu-Up, les équipes gagnent en cohérence et en efficacité.
Conclusion : Édu-Up, un laboratoire pour l’école de demain
Le dispositif Édu-Up montre que l’intelligence artificielle dans l’éducation française n’est pas un horizon lointain, mais un ensemble de solutions déjà opérationnelles, ancrées dans la réalité des classes :
- génération d’activités sur mesure (NihaoChinois) ;
- entraînement adaptatif en mathématiques (Mathpower II, Eleda, Mathena) ;
- accessibilité renforcée pour l’école inclusive (AccessDoc, Cantoo, DV-Fabrique…) ;
- feedbacks personnalisés et orientation accompagnée (Logbook, Jexplore, ExoPro, SIM’Agora…).
Ces outils ne dictent pas la pédagogie ; ils donnent au contraire aux enseignants plus de leviers pour différencier, accompagner et inclure. Ils s’inscrivent pleinement dans la dynamique « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé », où la donnée, l’analyse automatique et la génération de contenus servent un objectif simple : aider chaque élève à progresser, à son rythme, sans jamais renoncer aux exigences de l’École de la République.
La prochaine étape ? Choisir une ressource, l’essayer avec vos élèves, puis en faire un sujet de discussion dans votre équipe. C’est à cette condition que l’IA restera un outil au service du métier, et non l’inverse.