Comment le dispositif Édu-Up met l’IA au service d’un apprentissage personnalisé et d’une école inclusive, de la maternelle au lycée, avec des exemples concrets.

L’IA et le dispositif Édu-Up : un tournant pour l’école française
En cette fin d’année 2025, l’intelligence artificielle n’est plus un sujet lointain : elle s’invite dans les classes, les salles des profs et jusque dans les parcours d’orientation. Avec le dispositif Édu-Up, le ministère accompagne concrètement cette transformation en finançant des ressources numériques innovantes qui mettent l’IA au service d’un apprentissage personnalisé et d’une école inclusive.
Dans la série « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé », cet article propose un tour d’horizon structuré des solutions soutenues par Édu-Up, pour comprendre comment elles transforment déjà le quotidien des enseignants et des élèves : différenciation en mathématiques, soutien aux élèves à besoins éducatifs particuliers, découverte des métiers en réalité virtuelle, apprentissage des langues avec IA générative…
L’objectif : vous offrir une cartographie claire, des cas d’usage concrets et des pistes d’action immédiates pour intégrer ces ressources dans vos pratiques professionnelles.
1. Édu-Up : un levier public pour une école réellement inclusive
Le dispositif Édu-Up soutient depuis plusieurs années des projets numériques qui répondent à trois enjeux majeurs du système éducatif français :
- Maintenir la continuité pédagogique, en classe, à la maison ou en hybride
- Respecter la liberté pédagogique tout en outillant concrètement les enseignants
- Faire vivre l’école inclusive, en prenant en compte les besoins de tous les élèves
Une logique d’écosystème, pas de gadgets isolés
Contrairement à de simples « applis intéressantes », les ressources Édu-Up s’intègrent dans une vision d’ensemble :
- parcours d’apprentissage adaptatifs en mathématiques ou en lecture ;
- outils d’accessibilité et de compensation pour élèves DYS, TND, malvoyants, sourds, allophones ;
- plateformes d’exploration scientifique, de création audiovisuelle ou de réalité virtuelle ;
- solutions d’orientation et de découverte des métiers.
Pour les équipes éducatives, cela signifie une chose très concrète : il est possible de bâtir un véritable environnement d’apprentissage personnalisé en combinant plusieurs briques Édu-Up, au lieu de multiplier des outils sans cohérence.
L’IA au cœur des nouvelles ressources
Les projets les plus récents (2023–2025) exploitent largement :
- l’IA générative (pour créer des contenus, adapter les supports, décrire des images) ;
- l’analyse de données éducatives (suivi fin des progrès, repérage des difficultés) ;
- des interfaces immersives (réalité virtuelle, réalité augmentée, robotique pédagogique).
C’est cette convergence IA – personnalisation – inclusion qui fait d’Édu-Up un cas très particulier dans le paysage international de l’EdTech publique.
2. Personnaliser les apprentissages disciplinaires avec l’IA
La personnalisation des parcours est au cœur de la série « L’IA dans l’Éducation Française ». Plusieurs ressources Édu-Up montrent comment cela se traduit concrètement dans les disciplines.
Mathématiques : des parcours sur mesure du CP à la Terminale
Plusieurs solutions se complètent :
-
Mathena et Mathpower II :
- adaptation du niveau de difficulté en calcul et résolution de problèmes ;
- ceintures de compétences, évaluations diagnostiques et remédiations ciblées ;
- données de progression pour organiser les groupes de besoin et la pédagogie différenciée.
-
Eleda :
- exercices randomisés et rétroactions personnalisées pour le primaire, collège et lycée ;
- suivi fin par tableaux de bord, permettant d’identifier précisément les automatismes non acquis ;
- création d’activités sans code, ce qui laisse à l’enseignant la main sur la progression.
Comment l’IA aide ici ?
- en adaptant automatiquement la difficulté aux réponses des élèves ;
- en générant des feedbacks ciblés, au-delà du simple « juste/faux » ;
- en produisant pour l’enseignant des synthèses exploitables pour la remédiation.
Application pratique : en période de révisions ou d’évaluations communes, ces outils permettent d’aller au-delà des fiches identiques pour toute la classe, et de consacrer le temps en présence aux élèves qui en ont le plus besoin.
Langues vivantes : immersion, IA générative et échanges sécurisés
Deux exemples illustrent l’évolution actuelle :
-
NihaoChinois :
- exploite l’IA générative pour créer en quelques secondes des activités personnalisées en chinois ;
- propose des parcours sur mesure pour chaque élève (centres d’intérêt, rythme, niveau) ;
- libère la créativité enseignante (variations d’exercices, scénarios d’expression écrite ou orale).
-
Beegup :
- plateforme conversationnelle sécurisée pour organiser des correspondances en anglais, espagnol, allemand, FLE ;
- messagerie, audio/vidéo, sujets de conversation et revue de presse internationale adaptée au niveau de langue ;
- renforcement ciblé de l’oral, de la confiance et de la motivation.
En combinant ces solutions, un professeur de langues peut :
- proposer des tâches complexes authentiques (débat, correspondance, exposé vidéo) ;
- s’appuyer sur l’IA pour générer rapidement supports, listes de vocabulaire, reformulations ;
- suivre plus finement l’engagement de chaque élève.
Sciences et culture numérique : de la manipulation à la compréhension de l’IA
Les ressources FizziQ Junior / FizziQ Junior II, XpLive, Vittascience IA ou AlphAI vont dans le mĂŞme sens :
- transformation du smartphone en laboratoire portable pour les expériences de sciences ;
- construction collective de protocoles et exploitation en temps réel des données ;
- initiation concrète à l’intelligence artificielle (réseau de neurones, prise de décision de l’algorithme).
Ces outils ne se contentent pas d’enseigner des contenus : ils forment les élèves à la littératie numérique et à l’IA, compétence clef pour l’orientation et l’insertion professionnelle.
3. Une école vraiment inclusive : IA, accessibilité et besoins particuliers
L’un des points forts d’Édu-Up est la densité de ressources conçues pour l’école inclusive. Loin d’être « à côté » de la classe, ces outils permettent au contraire de rapprocher les élèves à besoins éducatifs particuliers du tronc commun.
Adapter les supports avec l’IA : vers un « design universel » des apprentissages
De nouvelles plateformes misent directement sur l’IA pour rendre les documents accessibles :
-
AccessDoc :
- importe des documents, détecte les éléments non accessibles ;
- utilise l’OCR, la génération de descriptions d’images et la transcription de formules ;
- propose automatiquement des pistes d’adaptation pour élèves non-voyants, malvoyants ou avec troubles cognitifs.
-
Ridisi, Cantoo Scribe, Majenat, DV-FABRIQUE 2 :
- adaptation des textes (pictogrammes, FROG, mise en page adaptée DYS) ;
- outils de compensation (synthèse vocale, reconnaissance vocale, couleurs, structuration) ;
- mutualisation et partage de ressources accessibles.
Pour les enseignants, l’enjeu est double :
- Gagner du temps sur la mise en accessibilité technique des documents.
- Pouvoir se concentrer sur la dimension pédagogique et relationnelle de l’inclusion.
Accompagner les troubles du neurodéveloppement et les besoins socio-émotionnels
Plusieurs projets sont spécifiquement pensés pour les élèves présentant des TND, des troubles des apprentissages ou des besoins psychosociaux :
-
ExoPro, Zamizen, Ben le Koala / Ben le Koala 2 :
- accompagnement des compétences psychosociales, de l’autonomie, de la santé et du bien-être ;
- scénarios ludiques et progressifs pour apprendre des gestes du quotidien ou gérer ses émotions.
-
Orthonémo, Lescalire, Corneille, Story Play’R :
- appui sur les recherches en cognition pour l’apprentissage de la lecture et de l’orthographe ;
- paramétrage fin des aides (pictogrammes, colorisation, segmentation du texte).
-
Buddy, le robot compagnon émotionnel, Hol’autisme, EduFriend & Across, Jungle Box :
- recours à la robotique sociale et à la réalité mixte pour soutenir les compétences sociales, motrices, verbales ;
- scénarios proches des situations réelles, mais sécurisés et répétables.
Ces ressources illustrent une idée clé de l’école inclusive : l’outil n’est jamais une fin en soi. C’est la manière dont il est intégré au projet d’accompagnement personnalisé (PAP, PPS, PAI, etc.) qui fait la différence.
Conseils pratiques : commencer par un seul outil répondant à un besoin identifié (lecture, organisation, autonomie) et planifier un temps de co-construction avec la famille et les AESH.
4. Orientation, citoyenneté et compétences du futur : au-delà des savoirs académiques
L’IA et le numérique éducatif ne se limitent pas aux contenus disciplinaires. Édu-Up soutient aussi des outils qui préparent les élèves aux choix d’orientation, à la vie citoyenne et au monde professionnel.
Découvrir les métiers autrement : réalité virtuelle et parcours professionnalisants
-
Jexplore, Univers Virtuels Professionnels :
- plus de 100 expériences métiers, en réalité virtuelle, dans une trentaine de secteurs ;
- focalisation sur les métiers en tension ou méconnus ;
- articulation forte avec les territoires, les entreprises locales et les réformes des lycées pro.
-
ExoPro (déjà évoqué) :
- renforce l’engagement dans les parcours d’orientation et les formations professionnelles ;
- particulièrement adapté aux élèves avec besoins éducatifs particuliers.
Ces ressources permettent de :
- sortir de la représentation stéréotypée des métiers ;
- ancrer le Parcours Avenir dans des expériences concrètes et immersives ;
- mieux articuler projet personnel de l’élève et besoins réels du marché du travail.
Former des citoyens éclairés : images, médias, démocratie
Pour développer l’esprit critique à l’ère de l’IA et des réseaux sociaux, plusieurs ressources sont précieuses :
-
ERSILIA, Nanouk, Films pour enfants, Sonic Solveig :
- éducation à et par l’image, analyse critique des médias et des œuvres ;
- parcours thématiques liant enjeux sociaux, politiques, artistiques.
-
SIM’Agora :
- simulation parlementaire numérique, jeux de rôle immersifs autour de la démocratie et de l’environnement ;
- travail de l’argumentation, de l’oral, de la négociation.
-
Empathic, Matilda 2 :
- éducation à l’empathie, à l’égalité filles-garçons, à la lutte contre le harcèlement.
Dans une école où l’IA produit des textes, des images et des vidéos en quelques secondes, ces compétences sont essentielles pour aider les élèves à distinguer information, opinion et manipulation.
Compétences numériques et IA : se projeter dans les métiers de demain
Enfin, plusieurs dispositifs visent explicitement les compétences numériques et métiers du numérique :
- Vittascience IA, France-IOI, KidsCoding, Hack ton futur, Vittascience, Makerium ;
- initiation à la programmation, algorithmique, intelligence artificielle, cybersécurité, low tech ;
- développement des soft skills (créativité, collaboration, résolution de problèmes).
Pour un chef d’établissement ou un référent numérique, ces projets sont d’excellents supports pour structurer :
- un parcours IA et numérique de l’école au lycée ;
- des clubs, ateliers ou projets interdisciplinaires autour des enjeux de société (écologie, données, cybersécurité).
5. Comment intégrer concrètement les ressources Édu-Up dans votre établissement ?
Face à la richesse de l’offre, il peut être difficile de savoir par où commencer. Quelques repères simples :
1. Partir des besoins, pas des outils
- Identifier une priorité d’équipe : par exemple, renforcer la différenciation en maths, mieux accompagner les élèves DYS, structurer l’orientation.
- Choisir 1 à 3 ressources Édu-Up en cohérence, au lieu de tester tout en parallèle.
2. Expérimenter à petite échelle
- Lancer un pilote dans un niveau, une discipline ou un dispositif (ULIS, UPE2A, SEGPA…).
- Prévoir un temps de formation entre pairs (enseignants déjà utilisateurs, RUPN, coordonnateur ULIS…).
3. Intégrer l’IA dans une démarche éthique et transparente
- Expliquer aux élèves ce que fait l’IA (et ce qu’elle ne fait pas) : pas de magie, mais des algorithmes entraînés sur des données.
- Travailler explicitement :
- l’esprit critique face aux productions automatiques ;
- le respect des données personnelles ;
- la complémentarité « IA + enseignant » plutôt que la substitution.
4. Documenter et partager
- Capitaliser les scénarios pédagogiques réussis dans l’établissement.
- Présenter les retours lors des conseils pédagogiques, conseils d’école, journées de formation.
Conclusion : faire d’Édu-Up un accélérateur d’apprentissage personnalisé
Les solutions soutenues par Édu-Up montrent que l’intelligence artificielle peut devenir un puissant levier d’apprentissage personnalisé, à condition d’être pensée dans un cadre clair : respect de la liberté pédagogique, inclusion de tous les élèves, compréhension critique des outils.
Qu’il s’agisse d’adapter un document avec AccessDoc, de suivre les progrès en maths avec Eleda ou Mathpower II, de plonger ses élèves dans une simulation parlementaire avec SIM’Agora, ou de créer des activités de chinois via NihaoChinois, chaque enseignant peut aujourd’hui trouver une brique adaptée à son contexte.
La prochaine étape pour votre établissement pourrait être simple : choisir un champ prioritaire (maths, lecture, inclusion, orientation ou citoyenneté), sélectionner une ressource Édu-Up pertinente et construire, collectivement, un premier scénario d’usage. C’est à cette échelle, concrète et progressive, que la série « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé » prend tout son sens.
En 2026, la question ne sera plus « faut-il utiliser l’IA à l’école ? », mais plutôt : comment l’utiliser pour que chaque élève trouve sa place, progresse à son rythme et se projette sereinement dans l’avenir ?