L’IA et Édu‑Up transforment concrètement l’école française : inclusion, parcours personnalisés, orientation, sciences… Découvrez les ressources clés à utiliser.

L’IA au service d’une école française plus inclusive
À l’heure où l’intelligence artificielle (IA) et la GenAI s’invitent dans toutes les salles de classe, une question revient sans cesse : comment faire en sorte que ces technologies ne creusent pas les inégalités mais, au contraire, les réduisent ? En France, le dispositif Édu‑Up apporte une réponse très concrète en finançant des ressources numériques qui placent l’apprentissage personnalisé et l’école inclusive au cœur de l’innovation.
Dans la série « L’IA dans l’Éducation Française : Apprentissage Personnalisé », cet article se penche sur un pan encore trop méconnu : la richesse des solutions labellisées Édu‑Up, des plus récentes (NihaoChinois, AccessDoc, Logbook…) aux plus installées (Cantoo, Cartable fantastique, Vittascience, etc.). Toutes ont un point commun : utiliser le numérique – et de plus en plus l’IA – pour adapter les parcours aux besoins réels des élèves.
Nous allons voir comment ces ressources peuvent vous aider, dès maintenant, à :
- différencier vos pratiques sans vous épuiser ;
- intégrer des élèves à besoins éducatifs particuliers dans une dynamique de réussite ;
- développer des compétences essentielles (langues, mathématiques, sciences, orientation, citoyenneté…) avec des outils motivants.
1. Édu‑Up : un levier discret mais décisif pour l’innovation pédagogique
Le dispositif Édu‑Up soutient depuis des années des projets de ressources numériques adaptées aux réalités de l’école française : programmes, cycles, réforme de la voie pro, école inclusive, continuité pédagogique…
Un fil rouge : personnalisation et inclusion
En observant les projets récents, on voit émerger trois tendances fortes, parfaitement alignées avec les enjeux d’IA éducative :
- Personnalisation des parcours : parcours adaptatifs, ceintures de compétences, remédiation ciblée, IA générative au service de la scénarisation pédagogique.
- Accessibilité et inclusion : adaptation des supports pour les élèves DYS, non-voyants, malvoyants, TSA, TND, allophones…
- Pédagogies actives et immersives : réalité virtuelle, réalité augmentée, jeux de rôle, laboratoires virtuels, interfaces tangibles.
Autrement dit, Édu‑Up anticipe ce que l’on recherche aujourd’hui dans les solutions d’IA éducative : une technologie au service des droits des élèves (accès équitable aux savoirs), et non l’inverse.
2. IA générative, langues et expression : vers un entraînement réellement individualisé
La pratique des langues et de l’expression écrite/orale est un terrain idéal pour l’apprentissage personnalisé par l’IA. Plusieurs solutions Édu‑Up illustrent cette mutation.
NihaoChinois : GenAI et créativité enseignante
Lancée en 2025, NihaoChinois répond au manque de ressources pour l’enseignement du chinois en France. Sa force : l’usage raisonné de la GenAI.
- Les enseignants génèrent en quelques secondes des activités sur mesure adaptées au niveau, aux centres d’intérêt ou à l’actualité.
- La plateforme propose des parcours différenciés pour chaque élève, en fonction du rythme et des progrès.
- L’accent est mis sur la sobriété numérique et l’ergonomie, une question clé alors que l’on réfléchit à l’impact environnemental de l’IA.
Concrètement, un professeur peut concevoir en fin de journée une série d’exercices contextualisés pour sa classe du lendemain, sans passer des heures à tout rédiger.
Beegup : correspondants, oral et confiance en soi
En langues vivantes, Beegup propose une plateforme conversationnelle sécurisée, de la 5e au lycée :
- classes de correspondants et échanges en anglais, espagnol, allemand ou FLE ;
- messagerie audio/texte, appels audio/vidéo sans exposition des données personnelles ;
- contenus authentiques (revue de presse vidéo, sujets de conversation) adaptés au niveau.
Dans une logique d’IA éducative, Beegup illustre parfaitement ce que l’on attend d’un environnement d’apprentissage personnalisé :
- une exposition régulière à la langue vivante authentique,
- des échanges réels mais sécurisés,
- une montée en compétences progressive, suivie par l’enseignant.
Logbook et Plume : l’IA comme amplificateur de feedback
Avec Logbook, l’enseignant commente à l’oral les copies de ses élèves. L’IA analyse ces retours pour :
- cartographier les progrès par compétence ;
- identifier les points d’appui et les fragilités ;
- nourrir une différenciation fine sans double travail de saisie.
Associée à des solutions comme Plume (production d’écrits guidée, motivation par projets), l’IA ne remplace pas l’enseignant : elle valorise son expertise et transforme la correction en tableau de bord pédagogique.
Ă€ retenir pour votre pratique :
- Utiliser ces outils pour construire un bilan régulier par élève (non pas « notes » mais compétences).
- S’appuyer sur les données générées pour justifier les choix de remédiation, les PPRE, PAP, ou les aménagements d’examens.
3. Une école vraiment inclusive grâce à l’IA et au numérique adapté
La France s’est engagée dans la voie de l’école inclusive. De nombreuses ressources Édu‑Up font de l’IA un allié pour adapter, compenser, soutenir.
AccessDoc, Ridisi, Cantoo : adapter les supports sans y passer ses soirées
- AccessDoc : plateforme qui rend les documents pédagogiques accessibles aux élèves non-voyants, malvoyants ou avec troubles cognitifs, grâce à :
- OCR, description automatique d’images, transcription de formules en LaTeX ;
- détection des éléments non accessibles et propositions d’amélioration ;
- assistance IA pour reformuler, simplifier, adapter.
- Ridisi : traitement de texte en ligne qui enrichit les textes de pictogrammes et d’indices visuels pour différencier la lecture, notamment en cycle 2 et pour les élèves DYS ou allophones.
- Cantoo Scribe et Cantoo Exams : boîtes à outils complètes pour travailler, puis passer les évaluations avec des aménagements conformes aux textes officiels (synthèse vocale, mise en page adaptée, blocage des outils non autorisés en examen).
L’enjeu n’est plus seulement de « faire un document simplifié » à la main, mais de systématiser l’accessibilité grâce à l’IA, tout en gardant la main sur les choix pédagogiques.
Outils spécialisés TND, DYS, handicap visuel
Plusieurs ressources viennent traiter des besoins très spécifiques, souvent difficiles à prendre en charge avec les outils généralistes :
- Orthonémo, Corneille, Les Fantastiques exercices du Cartable Fantastique, Dédys : soutien structuré en lecture, orthographe, calcul, pour les élèves DYS.
- DV‑Fabrique, LiEnBraille, Lescalire, Inclood : adaptation pour les élèves déficients visuels ou sourds (braille, FROG, LSF, FALC).
- Ben le Koala, Ben le Koala 2, Zamizen, Buddy le robot, Jungle Box : développement des compétences psychosociales, autonomie au quotidien, gestion des émotions, interactions sociales, en particulier pour les élèves TSA ou TND.
Pour un chef d’établissement ou un coordonnateur ULIS, ces ressources offrent un écosystème cohérent : l’élève ne se contente pas d’être « toléré » dans la classe, il dispose d’outils pour participer, progresser et préparer son avenir.
4. Orientation, voie professionnelle et citoyenneté : vers des parcours sur mesure
L’IA et la simulation immersive transforment aussi des domaines longtemps peu outillés : orientation, voie pro, éducation à la citoyenneté.
Jexplore, ExoPRO : se projeter dans des métiers bien réels
- Jexplore propose plus de 100 expériences métiers en réalité virtuelle dans plus de 30 secteurs. Les élèves découvrent des environnements de travail, manipulent des outils, comprennent les contraintes concrètes de chaque métier.
- ExoPRO, pensée pour les élèves de 12 à 18 ans avec ou sans besoins éducatifs particuliers, structure des parcours d’orientation professionnalisants : compétences métiers, connaissances pré‑professionnelles, liens avec la réforme du lycée pro.
Dans une logique d’apprentissage personnalisé, ces outils permettent :
- d’individualiser les parcours Avenir ;
- de donner des repères concrets aux élèves qui ont du mal à se projeter ;
- de sécuriser les choix d’orientation en croisant intérêts, compétences et réalités de terrain.
SIM’Agora, Empathic, Matilda : former des citoyens éclairés
L’IA dans l’éducation ne se limite pas aux matières « STEM ». Des projets Édu‑Up viennent outiller l’éducation à la citoyenneté et l’égalité :
- SIM’Agora : jeu de simulation parlementaire qui plonge les élèves au cœur des négociations politiques et des enjeux environnementaux.
- Empathic : parcours autour de l’empathie, du harcèlement, du vivre ensemble, via des exercices et des extraits de films.
- Matilda : plus de 100 vidéos interactives sur l’égalité filles‑garçons, y compris dans le numérique.
Ces ressources sont précieuses pour travailler des compétences transversales : argumentation, esprit critique, respect de l’autre, compréhension des institutions.
5. Mathématiques, sciences, IA : des laboratoires adaptatifs pour tous les niveaux
Pour l’apprentissage des mathématiques, des sciences et de l’IA elle-même, l’écosystème Édu‑Up est particulièrement riche.
Mathena, Mathpower II, Eleda : des maths qui s’adaptent à l’élève
Plusieurs solutions combinent exercices, évaluation diagnostique et remédiation :
- Mathena (CP–CM2) : progression en calcul et résolution de problèmes, parcours personnalisé matérialisé par des « ceintures de couleur ».
- Mathpower II et Learn Enjoy : évaluations fines en cycles 2, 3, 4, entraînement ciblé avec pédagogie différenciée.
- Eleda : du CP à la Terminale, activités randomisées, rétroactions personnalisées, suivi détaillé via tableaux de bord.
Dans la perspective de l’IA éducative, ces solutions posent les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui les tuteurs intelligents : analyse fine des erreurs, adaptation automatique du niveau de difficulté, visualisation des progrès.
FizziQ Junior, XpLive, Neurolabo : expérimenter même sans laboratoire
Pour les sciences expérimentales, plusieurs plateformes compensent le manque de matériel ou de temps de labo :
- FizziQ Junior / FizziQ Junior II : transforme les tablettes et smartphones en véritables laboratoires portables (capteurs de son, lumière, mouvement, etc.), avec des scénarios d’investigation scientifique clé en main.
- XpLive : plateforme de protocoles expérimentaux partagés, collecte en temps réel des données de classe, travail collectif sur la méthode scientifique.
- Neurolabo : laboratoire virtuel de neurobiologie, simulation d’expériences sur le stress chez la souris dans un cadre éthique et sécurisé.
Vittascience IA, AlphAI, Hack ton futur : comprendre l’intelligence artificielle
Enfin, certaines ressources Édu‑Up permettent aux élèves de manipuler l’IA plutôt que de seulement la subir :
- Vittascience IA : entraînement de modèles, visualisation des zones d’attention, interfaces de programmation par blocs et en Python.
- AlphAI : robot qui apprend en direct devant les élèves, permettant de visualiser les algorithmes de machine learning (KNN, deep learning, réseaux de neurones).
- Hack ton futur : parcours ludiques autour des compétences techniques (IA, cybersécurité, low‑tech…) et des soft skills.
Pour les équipes éducatives, c’est une opportunité forte : intégrer dans les cours de maths, de technologie ou de SNT une culture de l’IA concrète, critique et créative.
6. Comment tirer parti, dès maintenant, de l’écosystème Édu‑Up ?
Pour que ces solutions ne restent pas des « vitrines », quelques pistes concrètes :
Pour les enseignants
- Choisir une priorité : inclusion (AccessDoc, Cantoo, Cartable fantastique…), langues (Beegup, NihaoChinois), maths (Mathena, Eleda…), selon les besoins de votre classe.
- Tester en petit groupe avant de généraliser : quelques élèves en difficulté, une séance d’AP, un club scientifique…
- S’appuyer sur les données produites (scores, temps passé, types d’erreurs) pour enrichir vos observations de terrain.
Pour les chefs d’établissement et coordonnateurs
- Intégrer ces outils dans le projet d’établissement (axe numérique, axe inclusion, axe orientation).
- Organiser des temps de mutualisation : retour d’expérience d’un collègue qui a testé ExoPRO, Cantoo ou FizziQ Junior.
- Croiser les usages avec les dispositifs existants : ULIS, SEGPA, lycées pro, projets EAC, CVC/Conseil de vie collégienne.
Conclusion : l’IA éducative ne se décrète pas, elle se construit
Le panorama des ressources Édu‑Up montre une chose claire : en France, l’IA dans l’éducation n’en est plus au stade du discours. Des dizaines de solutions, souvent gratuites ou largement accessibles, permettent déjà de mettre en œuvre un apprentissage personnalisé au service de tous les élèves, y compris les plus vulnérables.
La question, aujourd’hui, n’est plus « l’IA va‑t‑elle transformer l’école ? », mais :
Comment les équipes éducatives vont‑elles s’emparer de cet écosystème pour construire une école réellement inclusive, exigeante et humaine ?
La prochaine étape peut être très simple : choisir une seule ressource Édu‑Up adaptée à vos besoins, l’expérimenter avec vos élèves, puis en tirer un premier retour. C’est ainsi, par petites touches mais avec une vision claire, que se construira une éducation française augmentée par l’IA, sans jamais être déshumanisée.